des découvertes culturelles (mars 2016)

Un mois riche en changement et nouveautés sur le plan personnel. J'ai découvert beaucoup d’œuvres aussi je ne vais pas toutes les lister, mais vous avez l'habitude. Ces récapitulatifs n'ont pas pour but d'être exhaustifs.

Films

Le Bois Lacté (Christoph Hochhaüsler, 2004):
Beaucoup y voit une transposition moderne et dépouillée de Hansel et Gretel. J'entends bien; j'ai pour ma part eu des échos de Gerry, et à deux années près on nous refaisait le même coup du duo livré à lui-même dans ce cadre.

L'aventure par l'errance, la dérobade comme seul dialogue possible: face à un monde d'adultes étrangement absents, les enfants grandissent intérieurement alors que leurs silhouettes rapetissent au loin. Quand la sœur surprend un couple faire l'amour à la dérobée, elle devient femme; quand elle perd son frère au détour d'une gare, elle devient mère. Je vous recommande de le regarder.

Room in Rome (Julio Medem, 2010):
Je ne sais quoi en penser. J'ai beaucoup aimé le jeu de séduction, les dialogues qui essaient d'atteindre l'autre sans trop en révéler sur soi-même. Les deux femmes se dévêtissent littéralement très vite, mais le vrai déshabillage, celui qui met l'esprit et le cœur à nu, lui n'arrive que par intermittence, entre deux histoires, deux mensonges, deux semi-vérités. Il est difficile, lent, mais il arrive, et il révèle les êtres, par l'amour-outil, l'intimité-excuse et le sexe-diversion.

Sur ce dernier point, j'aurai pu m'en passer. La vision de l'amour lesbien et la manière de le filmer fait dans le maniérisme et le pur fantasme hétéro-centré. Dommage. Mais je retiens surtout cette mise à nu progressive des âmes, vraiment passionnante à regarder et à entendre, au fil des récits.

Histoires extraordinaires (Raul Garcia, 2015)
Certains choix graphiques sont superbes. Difficile néanmoins de retranscrire la force des mots de Poe dans une narration détachée, survolant souvent l'image au lieu de l'habiter.

Sur le Globe d'Argent (Andrzej Zulawski, 1988)
Je dois le revoir dans vingt ans, ce n'est pas possible autrement. Le rendez-vous est pris dans tous les cas. Je vous recommande de le regarder.

Shutter Island (Martin Scorsese, 2010)
L'ennui avec les films à mystère, c'est que si on ne rentre pas dedans, dans le mystère proposé, c'est difficile non seulement de l'apprécier, mais aussi et surtout de participer à ce qui fait tout le croustillant de la chose, à savoir en débattre pendant des heures et des heures, savourer le tour de passe-passe, ressasser le film pour se souvenir des éléments disséminés ça et là, tel un petit Poucet. C'est sympathique, mais bon. Alors la toupie, elle tourne ou non ? Le Marshall, c'est un patient ou non ? Le film, c'est un Monopoly ou un jeu de Cluedo ?

L'Ivresse de l'argent (Im Sang-Soo, 2012):
On est d'accord, ce n'est pas le film du siècle (Les Gardiens de la Galaxie aussi n'est pas le film du siècle soit dit en passant, et il est bien mieux noté que ce film, j'imagine qu'il suffit de mettre trois quatre héros et quelques millions dans les CGI pour avoir des bonnes notes), et il n'enfonce que des portes ouvertes. Le reproche qui revient souvent est un manque cruel de scénario. Je pense qu'on loupe le coche, il faut chercher ailleurs; il faut chercher dans le passage permanent entre l'anglais et le coréen, entre l'homme d'affaires américain qui parle coréen pour faire semblant de s'intégrer et la famille coréenne qui parle anglaise pour s'internationaliser et s'enrichir toujours plus, linguistiquement cette fois; il faut chercher dans l'image du fils, arrogant, bon à rien, et qui parvient tout de même à mettre une bonne rouste au héros, contre toute attente. Parce que la vie est cruelle, parce que les riches seront riches et que les autres pourront crever, car c'est finalement la seule chose qu'ils font bien en ce bas-monde.

La rue des crocodiles (Stephen Quay et Timothy Quay, 1986):
En l'espace de vingt minutes à peine, mes pensées ont vagabondé vers Tool, L'Oeuf de l'Ange, Silent Hill, Beckett, l'Holocauste. C'est dire si l'atmosphère de ce court se prête à la mélancolie macabre et la divagation étrange. La rue des crocodiles est une usine à cauchemar, un absurde baroque, un délice pour les yeux. Le mystère est entier, et je ne chercherai même pas à le percer, tout juste à l'explorer en détail en allant voir qui est ce Brun Schulz qui hante l'image, la description et le monde de cette rue. Saisissant. Je ne l'oublierai pas de sitôt. Je vous recommande de le regarder.

Peau d'âne (Jacques Demy, 1970):
Entièrement conquis par l'atmosphère de ce film, les choix artistiques tranchés, les costumes, le phrasé, les chansons, qui d'ordinaire me font pousser un soupir mais là, ce fut délicat, tout en retenu, parfait. Le mélange des genres et des visuels est savoureux. Le glauque se mélange au surréel, qui se mélange à la flegme typique de la noblesse française historique, et le tout donne un film unique. J'aurais adoré le voir petit, il m'aurait laissé un souvenir impérissable et traumatisant, mais de manière positive. Je vous recommande de le regarder.

La Belle Captive (Alain Robbe-Grillet, 1983):
De Robbe-Grillet, je n'ai lu que son essai Pour un Nouveau Roman, lecture forcée, lecture qui m'a gonflé. Je n'ai pas voulu prolonger le contrat, lui préférant Duras et Sarraute.

Ce film m'incite à reprendre contact avec Robbe-Grillet. Nous sommes partis sur de mauvaises bases sans doute, et c'est ma faute (ou celle de ma prof de prépa qui nous a fait commencé par l'essai plutôt que les romans en eux-mêmes, pour faire passer la charrue avant les bœufs).

On dit toujours surréalisme. Mais en montrant peu, trop, trop peu ou un peu trop de réalisme, n'oscillerait-on pas plutôt, parfois, entre surréalisme et sous-réalisme ? Les dialogues tronqués, les lieux décousus, les actions figées auxquelles ils manquent quelques images en plus pour un faire une action animée plus qu'un diaporama, montrent une réalité incomplète, ou trop complète. Un peu comme si un être supérieur voyait au-delà de 24 images par secondes: pour lui, le cinéma c'est de la photo.

Nikita (Luc Besson, 1990):
Mitigé par le film. Une deuxième partie beaucoup plus intéressante que la première qui a failli me perdre définitivement à cause de l'accumulation de bêtises consternantes, tant dans les dialogues que dans les situations que dans l'aspect très clipesque typique des années 90 que j'ai en horreur. Heureusement la deuxième partie arrive, avec son lot de tension et de légèreté bienvenue, et ça va un peu mieux. On a même l'esquisse de Léon qui arrive pour couronner le tout, un peu trop tard et comme un cheveu sur la soupe cependant. La fin quant à elle…osée ou fainéante ? Je ne saurais dire. Mitigé donc.

Phase IV (Saul Bass, 1974):
Des situations qui stimulent l'imagination. La séquence où on voit les fourmis récupérer les cadavres de leurs congénères pour les aligner dans un tombeau souterrain est très forte. Je vous recommande de le regarder.

Musique

The Soft Moon (The Soft Moon, 2010)
J'ai commencé en écoutant attentivement, mais ensuite mon esprit a dérivé, comme à chaque fois que j'écoute ce genre de morceaux, ce qui est bien…j'imagine ? Je ne sais pas si c'est l'effet recherché, mais en tout cas ce n'est pas désagréable, c'est déjà ça…

Far Life (EP) (Giirls, 2015)
Musique d'ambiance sympathique pour écrire. Giirls cite The Soft Moon ci-dessus comme inspiration, j'ai probablement écouté l'un puis l'autre du reste.

Bandes dessinées

Racines (Pierre Duba, 2010)
Une expérience singulière, forte, pleine d'introspection. Et vous, semble dire l'oeuvre, que voyez-vous dans les racines ? Je vous recommande de la lire.

Livre

The Woman in Black (Susan Hill, 1983)
Une ambiance. Histoire un peu faible, mais description évocatrice. Déroulement très différent par rapport à l'adaptation avec Daniel Radcliffe. Il existe une autre adaptation cinématographique de 1989, je garde ça dans un coin de ma tête si jamais je parviens à mettre la main dessus, un jour…

Pour avoir le catalogage complet de mes découvertes culturelles au quotidien, allez faire un tour du côté de mon profil SensCritique, où je répertorie tout ce que je découvre dans les listes appelées “2016”.

 
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