des découvertes culturelles (octobre 2015)

Beaucoup d’œuvres ce mois-ci.

Films

Mystery (Ye Lou, 2012): De Ye Lou, je ne connais rien, si ce n'est qu'il fait partie de cette fameuse sixième génération de réalisateurs chinois, ceux qui ont souvent des problèmes avec le gouvernement chinois (mais qui n'en a pas ?). Mystery semble s'inscrire dans les thèmes fétiches du réalisateur, l'amour, l'obsession, les relations entre les individus. Un triangle amoureux où les deux femmes se connaissent et commencent à se livrer une guerre psychologique sans merci autour d'un homme qui n'arrive pas à se décider et se joue d'elles, malgré lui ? Derrière un semblant de thriller et de mystère, c'est le mot, Mystery explore le quotidien d'un couple pluriel fracturé. Le grain de l'image est particulièrement agréable, la photographie met en valeur les visages de ces individus torturés. Je vous recommande de le regarder.

Le bon plaisir (Francis Girod, 1984): Le film est classé en comédie dramatique, et dans un sens je comprends la démarche derrière cette étiquette. En partant d'une histoire fictive mais pas trop sur un enfant caché, une guerre de pouvoir et d'influence, le risque d'un scandale présidentiel, le film parvient à insérer des moments de comédie burlesque tout à fait délicieux, notamment grâce à une maîtrise des dialogues et des bons mots prononcés par des acteurs pince-sans-rire, en particulier le grand chef suprême de la République, Jean-Louis Trintignant, incroyable. Mais au-delà de ces touches d'humour fines, le film reste tout de même un drame, celui des individus liés au pouvoir, à l'abus d'influence, et au milieu de tout ça des vies cachées qui ne demandent qu'à éclater au grand jour, hélas. Je vous recommande de le regarder.

Ipu, Condamné à vie (Bogdan Dumitrescu-Dreyer, 2013): On pourrait recommander le film ne serait-ce que pour voir Depardieu parler anglais dedans, c'est un délice pour les oreilles. Autrement, il y a également un burlesque macabre et glauque à ne pas manquer, notamment dans une séquence en particulier que je n'oublierai pas de sitôt. La fin semble avoir été altérée, apparemment, et j'imagine aisément pourquoi. Dommage, celle que j'avais en tête et qui était sans doute la vraie fin initiale donnait plus de profondeur à l'oeuvre.

Guardian of the Galaxy (James Gunn, 2014): C'est un film Marvel. Que voulez-vous rajouter de plus ? C'est un film calibré, en auto-pilote, du début à la fin. Tout est vu, tout a été vu. Moins bête que les autres ? Plus décalé ? Plus joli ? Certes. Ça ne reste qu'à l'échelle Marvel, une échelle qui se regarde le nombril, encouragé par les milliards de bénéfices. Tout est relatif, dit-on.

Event Horizon (Paul W.S Anderson, 1998): J'en attendais quelque chose d'autre. J'ai dû me tromper dans la marchandise quelque part, on ne m'y reprendra plus. Une ambiance qui sentait bon Alien au début, et qui finit par tourner en grossier film d'horreur, avec des effets particulièrement vieux, pour un film de 98 j'ai eu l'impression de voir quelque chose filmé quinze ans plus tôt, c'est inquiétant.

Jupiter Ascending ( Andy et Lana Wachowski, 2015): Le frère et la sœur Wachowski ont trouvé le bon filon avec Matrix et depuis ils essaient désespérément de le maintenir en vie, envers et contre tout. Mais ça ne marche pas, ça ne marche plus, il faut passer à autre chose, le passé est terminé. On retrouve dans ce film toute la richesse et l'extravagance du duo, sans la maîtrise et le propos qui va derrière. C'est comme voir un chien dans un parc, mais son propriétaire a oublié la laisse, et nous ne sommes pas dans un parc, on est dans une rue piétonne, et c'est inapproprié. Que d'explosions, que de visuels, que de grandiloquence, tout ça pour une histoire niaise, des dialogues vides, des acteurs qui chuchotent, et un ennui profond. Néo est mort pour nous sauver, il serait temps d'arrêter de vouloir le ressusciter, ça va à l'encontre du propos, enfin. Ne respectent-ils donc même plus leur propre mythologie ?

Big Hero 6 (Chris Williams et Don Hall, 2015): De bonnes choses mais des mauvaises aussi. La Marvel-isation se fait sentir, le calibrage pour toucher le public vaguement favorable à l'ambiance nippone aussi. Si il y a bien une chose que je n'aime pas dans un film (dans une oeuvre quelle qu'elle soit, en vérité), c'est de me sentir visé. C'est de la manipulation, ça marche, c'est recherché pour, on dépense des millions pour bien cibler, c'est un coup bas et peu ambitieux. C'est encore pire de sentir toute la machine marketing derrière, pour faire mouche. Faire de Baymax un marshmallow tout rond, tout mignon quand dans les comics originaux c'est un dragon vert hideux, c'est pernicieux et chargé d'intentions mercantiles qui m'empêchent d'apprécier le produit (car c'est un produit) final. A voir tout de même pour l'animation, fluide, et l'univers futuriste un petit peu innovant. Par contre, San Fransokyo, vraiment ? La prochaine fois, ce sera New Fukushima ?

La stanza del figlio (Nanni Moretti, 2001): La chambre du fils en bleu-blanc-rouge. Un drame autour du deuil. Efficace, sensible dans son traitement du choc, notamment à travers la réaction des personnages. Chacun le vit différemment et cherche chez les autres la béquille pour trouver l'appui, le point d'ancrage. Je regretterai personnellement une fin un petit peu bâclée. Je comprends la démarche, mais j'aurais aimé en voir plus, juste quelques minutes de plus, pour faire le tour du sujet.

The Thing (John Carpenter, 1982): les quatre prochains films, celui-ci inclus, ont été revus dans le cadre de la Nuit de la Peur du festival Lumière. L'occasion de voir sur grand écran des œuvres que je n'avais vu qu'en 720p, grand maximum. The Thing reste immaculée. J'y ai découvert une chose que je n'avais pas pensée avant, alors le visionnage fut bénéfique. Le cri de la Chose est toujours aussi terrifiant.
Je vous recommande de le regarder

Night of the Living Dead (George A. Romero, 1968): Ça a quand même sacrément vieilli. Il faut être indulgent, le film a quand même lancé le genre ou presque. Ce n'est pas rien.

Insidious (James Wan, 2011): Efficace, jusqu'à un certain point, et puis ça bascule dans du visuel. Dès lors, l'appréhension disparaît, remplacée par des jumpscares, procédé presque physique facile, moins savoureux. Ça reste tout de même une référence dans le genre, je pense, du moins pour la dernière décennie.

Evil Dead (Sam Raimi, 1983): J'avais déjà trouvé ça ridicule il y a quelques années quand je l'ai vu pour la première fois, ça n'a pas changé sur grand écran. C'est même pire. Les années 80, c'était vraiment quelque chose tout de même. Quel dommage de ne pas les avoir vécu pour me joindre aux autres dans leurs louanges de leurs “classiques” à base de CGI balbutiants et de “cool attitude”. Et de coupes de cheveux improbables.

Hotel Transylvania (Genndy Tartakovsky, 2013): Grosse déception. De l'humour forcé, presque meme-esque, une animation en élastique qui n'a pas de consistance, une histoire qui ne raconte pas grand chose. Sony Pictures persiste; parfois ça fait des choses biens, ça fait Tempête de boulettes géantes, et parfois ça ne réussit pas, ça fait Hotel Transylvania, ainsi va la vie.

Crash (Paul Haggis, 2004): Les réactions soulevées par le film sont plus intéressantes que le film en lui-même, car elles permettent de mettre à jour les positions des spectateurs face au problème du racisme, et l'essence même de ce sujet.

Unbreakable (M. Night Shyamalan, 2000): On partait vraiment, vraiment bien. Un super héros ordinaire, pris non pas dans le mouvement, dans les actes, mais à sa naissance. Un travail sur la mythologie des comics qui nous plongeait au cœur du propos. Et puis Shyamalan et son goût du twist vient ruiner la chose. C'est comme les Wachowski. Ces gens-là ont eu un succès, et depuis ils courent après. Le Sixième Sens était bon, merci, on passe à autre chose s'il vous plaît. Il reste tout de même un très bon travail au niveau des plans et de l'image. Shyamalan a le sens du cadre, c'est évident, il ne manque plus que le sens du récit (et surtout la capacité à le terminer sans passer par un twist) et ça sera bon. On y croit.

Speed (Jan de Bont, 1994): Typiquement un film que j'appelle personnellement un film VHS, parce qu'il s'inscrit dans cette époque des VHS, cette bonne vieille époque avec des jaquettes toutes plus étonnantes les unes que les autres. On se met dans le canapé, on lance la cassette et on est parti, deux heures d'action non-stop, des gueules impayables (Keanu est passé maître dans cette catégorie il faut dire), un scénario qui tient sur un timbre-poste, des dialogues qui sentent bon le fromage. Du pur divertissement.

Fear and Loathing in Las Vegas (Terry Gilliam, 1998): un film complètement fou, le père des Very Bad Trip sans aucun doute, mais avec plus de subtilité, si tant est qu'on peut parler de subtilité dans un film où deux individus vont à Las Vegas avec plus de drogues que de sang dans leurs corps. Techniquement solide, certains plans sont à tomber, de l'inventivité certaine pour retranscrire dans un langage cinématographique l'effet des stupéfiants. Je pense qu'il y a une critique de l'abus des-dits drogues et de la folie qui entoure Las Vegas, mais ça me semble dilué dans trop de couches d'excentricité pour vraiment la saisir. Un deuxième visionnage semble requis, mais je n'ai pas la force de le faire, pas tout de suite en tout cas.

Séries

The 100 (Jason Rothenberg, 2014) Saison 1, épisode 1: peut-on faire plus stupide que ce premier épisode ? Je ne sais pas, mais la compétition démarre fort avec The 100. Voir ces adolescents, tous modèles de beauté, pseudo-criminels, essayer de nous faire croire à un remake de The Lost, Battle Royale, et Koh-Lanta a de quoi faire rire, c'est sûr. Ça transpire la tension sexuelle et les regards en biais pour susciter l'envie d'écrire des fan-fictions et d'agiter la sphère Tumblr. Préparez les gifs, ce soir c'est moi qui paie la tournée.

Under the Dome (Brian K. Vaughan, 2013) Saison 1, épisode 1: Tout est expédié bien vite, je trouve. On sent venir les complications à des kilomètres. C'est du King, alors il y aura forcément des histoires de familles, des passés qui remonteront à la surface, un peu de mystère ausssi, sans doute. Le jeu d'acteur n'est pas très convaincant, cependant, il va falloir faire mieux que des gueules de ruraux vivant dans le fond du Wyoming pour me donner envie de continuer.

Stargate Universe (2009) Saison 1, épisodes 1 à 9: Jusqu'à présent, c'est du sous-Battlestar Galactica, et c'est dommage parce que la force de Stargate, c'était l'exploration, le mystère, ce sentiment de partir à l'aventure à chaque fois qu'on traverse la Porte des Etoiles. Là, ils sont tous coincés sur un vaisseau et passent leur temps à s'engueuler, forcément on fait grise mine. L'aventure consiste à savoir qui finira avec qui. Les pronostics vont déjà bon train, certains ont déjà lancé les hostilités. Moui. Je continue pour voir où ça va, mais c'est mal parti.

Mangas

Shingeki no Kyojin (Hajime Isayama), chapitre 73 et 74: de l'action ! Du dynamisme ! Des stratégies ! Enfin ! L'histoire avance, les choses se mettent en place, il va y avoir des conséquences très bientôt, je commençais presque à désespérer. Je me répète, mais les chapitres avant ceux là seront un enfer à regarder dans l'adaptation anime. Préparez les dialogues non-coupés au kilomètre.

Jeux vidéo

Mole Mania (Gameboy, Nintendo, 1996): un jeu qui ne paie pas de mine, et pourtant, quelle intelligence dans les tableaux. Des puzzles corsés, de la variation dans les mécaniques, un rythme soutenu mais qui laisse parfois respirer le temps de finir quelques tableaux. Une bonne surprise. Je vous recommande d'y jouer.

Steam Rogue (Flash, Adventure Islands, 2014): un petit jeu flash très sympathique. Il pourra en frustrer quelques-uns. L'ambiance graphique est très approprié, le robot à vapeur mignon comme tout. Il y a un petit côté Pause Ahead dans l'exécution.

Tail Concerto (Psone, CyberConnect 2 et Bandai, 1998): plus court que dans mes souvenirs d'enfance. Charmant, pas difficile pour un sou. Il ne restera pas dans les annales, mais beaucoup sont dans le même cas, plus qu'on ne le pense. Il n'a pas de prétention autre que d'introduire les enfants aux jeux d'aventure et de plate-formes, et je pense qu'il a réussi son coup. Je n'ai qu'une envie, c'est de me procurer sa suite spirituelle pour espérer continuer d'en découvrir plus sur ce monde à peine esquissé. Je vous recommande d'y jouer

 
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